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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/41

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— Non ; j’aime mieux l’entendre lue par vous. Quelle est cette pièce ?

— C’est Simonne.

— Ah ! c’est d’un tour charmant. Lisez.

Cécile obéit. Le timbre de sa voix suivait avec souplesse le rhythme du poëte, et s’enflait ou s’alanguissait suivant que l’inspiration devenait ou plus ardente, ou plus caressante. Mais ce fut en hésitant, soit de timidité, soit d’émotion, qu’elle lut ces vers délicieux :

Et, comme il n’est en ce monde
Si petite herbe sous le pied
Qu’un jour de printemps ne féconde,
Ni si fugitive amitié
Dont il ne germe une amourette,
Un jour advint que le fuseau
Tomba par terre et la fillette
Entre les bras du jouvenceau.

Cécile fit une pause et Adrienne un mouvement.

— Vous avez raison, Cécile, dit-elle, de suspendre cette lecture.

— Elle vous choque ? demanda Félicien.

— Je m’étonne que vous ne l’ayez pas prévu, mais vous ne m’en blâmez pas, je suppose ?