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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/45

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comme le tuteur de son luxe et de ses plaisirs.

— Que d’amertume et de sévérité !

— Non, mais ma tristesse est plus profonde peut-être que je ne le croyais, car elle est toute prête à se changer en ironie. Ah ! Cécile ! j’ai connu à certaines heures le vide écrasant de l’isolement complet ; suis-je donc destiné à connaître l’importunité irritante de la solitude à deux ?

Tandis que Félicien parlait, Cécile le regardait avec un mélange de pitié, d’enthousiasme et d’immense curiosité. Félicien surprit ce regard, mais aussitôt les paupières se baissèrent, l’âme, comme un despote jaloux, renfermait son trésor sous ses voiles. Félicien respecta ce qu’on lui cachait.

— Quand allez-vous vous établir à Paris ? demanda-t-il.

— Dans huit jours. N’avez-vous rien à dire à votre ami Alphonse Morand ?

— Devez-vous le voir ?

— Depuis votre mariage, il m’a écrit plusieurs fois, s’excusant de cette hardiesse sur la nécessité qui oblige à cultiver beaucoup les nouvelles connaissances, si l’on veut en faire