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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/55

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ce jour-là. Ils possédaient à fond le répertoire d’esprit des séminaires et se plaisaient surtout à répéter les traits et les anecdotes où se trouvait quelque gros mot, bien propre et bien honnête, s’entend. Faute de plus, cela les faisait hommes. Aussi étaient-ils crânement satisfaits d’eux-mêmes et s’estimaient-ils de francs mauvais sujets.

À côté des esprits candides, il y avait les obtus, qui se faisaient remarquer autant par leur violence que par leur ignorance. C’étaient, pour la plupart, des vieillards abandonnés par leur profession, et qui avaient pris leur retraite dans le marguillat. Absolument étrangers à toute idée de critique et de philosophie, de science et d’art, jamais la lueur d’un doute n’avait pénétré dans leur épaisse intelligence. Ils en étaient encore à courir avec Josué après le soleil. Mais eux seuls peut-être avaient des convictions fortes et inébranlables. C’étaient les sapeurs du parti : marchant de l’avant dans la discussion, et lapidant d’invectives tout ce qui leur était contraire, ces vétérans sans doute n’étaient pas très-dangereux, mais ils étaient parfaitement insupportables.

Les profonds, pour ne pas dire les dissimu-