Aller au contenu

Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au cocher d’arrêter, demanda aussi la permission de monter. Et de deux, et je ne doutai pas qu’il ne fût de la connaissance de la dame et que cette rencontre ne fût arrangée d’avance, bref, qu’il n’y eût rendez-vous donné,

Et qu’heureux dépositaire
De quelque secret de cœur,
J’allais, du dieu de Cythère,
Être collaborateur :
Fonctions qu’honorait Rome ;
Mais autre temps, autres soins,
Et qu’avec ou sans diplôme
Aujourd’hui l’on prise moins.


Mais, nouvelle preuve qu’on ne doit pas faire de jugement téméraire, ici les apparences étaient trompeuses : ma voisine ne connaissait pas le survenant, et me poussait du pied et du coude pour me dissuader de le recevoir dans la voiture. C’eût été difficile en effet, car elle était assez étroite, et la petite dame était fort grassette et sa crinoline des plus amples.

Le survenant était bien mis, il n’avait pas mauvaise mine et paraissait très-désireux de partir. Malgré les coups de coude de la dame qui redoublaient, je ne voulus pas le repousser, et je lui dis de s’arranger avec le cocher. Ils échangèrent quelques mots et, bientôt d’accord, il put se placer sur le siége.

La crinoline était sauve, mais ma compagne n’en était pas plus rassurée : elle secouait la tête pour me faire comprendre que je commettais une imprudence. Son envie de dormir était passée, et à chaque mouvement du survenant qu’elle prenait évidemment pour un voleur, elle se serrait contre moi.

Sa peur n’était pas plus fondée que mon premier