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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/121

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moins que la chaleur y était montée cette année à trente-cinq degrés Réaumur.

Bellinzona, que traverse le Tessin, fait partie de la Suisse. Trois forts en défendent l’entrée, mais deux sont en ruine. On vante sa cathédrale que je n’ai pu voir. Sa population est de deux mille habitants.

Après souper, je veux prendre quelque chose dans mon sac de nuit, mais on me présente des bagages qui ne sont pas les miens. On cherche ; on n’en trouve pas d’autres. Enfin, on me dit qu’ils peuvent être à la poste. J’y cours, et après bien des recherches, je les découvre à onze heures et demie du soir. J’ai bien souvent envié le sort de ceux qui voyagent leur sac sur le dos. Quoique j’aie réduit mes bagages au strict nécessaire, c’est-à-dire à une valise et un sac de nuit, le tout ne pesant ensemble que trente kilogrammes, le transport de ce mince équipage m’a parfois donné plus d’embarras que celui de ma personne, et pas beaucoup moins qu’un domestique auquel j’ai fini par renoncer, certain d’en trouver partout. Quant au linge et aux habits, c’est différent ; c’est choses indispensables. Heureux les animaux, eux seuls connaissent la véritable indépendance !

Il s’agit maintenant de traverser le Saint-Gothard. À minuit, je prends place dans le coupé d’une diligence où je suis fort bien pour voir le pays quand il fera clair, mais la nuit est très-belle, et je compte encore sur la lune. J’ai pour compagnons deux Alsaciens qui ont souvent parcouru cette route et qui me font les honneurs du pays en m’indiquant les points les plus remarquables.

Ce passage est trop connu pour que j’entre dans des détails qui ne pourraient être que des redites. Je com-