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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/144

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Je ne trouve levés que les frotteurs occupés à préparer leur cire. Faute de mieux, je m’adresse à eux. Le premier valet de chambre est absent, et le second aussi. Le comte Scotti dort.

Il faut donc m’en aller comme je suis venu. Je me décide à écrire un mot au comte. En attendant une réponse, je cause en italien avec l’individu qui a été porter ma lettre. Il me demande des nouvelles de la France qu’il désirerait bien visiter, puis il me parle du théâtre de la guerre d’où il sait que je reviens. Est-ce un valet ou un secrétaire ? Je n’en sais rien, mais il cause très-nettement politique, et avec un vrai bon sens.

Le comte Scotti me fait dire qu’il s’habille et qu’il va me recevoir.

Me voici en face d’un jeune homme en robe de chambre, qui m’apprend qu’il n’est pas le comte Scotti, alors absent, mais son fils, et qu’il le remplace. Je lui dis le sujet de mon voyage. Il me répond que la duchesse est partie pour trois jours, mais qu’il est possible qu’elle revienne plus tôt. Il ajoute qu’il ne doute pas que la duchesse ne me reçoive aussitôt son retour, et que j’en serai prévenu. Nous parlons ensuite d’un peu de tout, c’est-à-dire de pas grand’chose.

Je reviens à l’hôtel du Lac à travers la campagne qui est belle et bien cultivée. Tout en admirant le pays, je n’enrage pas moins d’avoir fait un voyage inutile.

Je quitte Rapperschwyl sans avoir l’intention d’y revenir, mais regrettant de n’avoir pu voir la duchesse qui me rappelle tant de souvenirs d’un autre temps.

Le vapeur où je suis est un bon bateau à aube,