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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/148

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Dans l’une des stations dont le nom m’échappe, on me montre l’endroit où, dans l’hiver de 1853 à 1854, l’eau du lac étant très-basse, on aperçut des têtes de pieux, ce qui amena la découverte dont j’ai parlé ci-dessus. La plupart des objets recueillis par M. Keller, qui s’est rendu sur les lieux, sont aujourd’hui au musée de Zurich.

Les bords de ce lac sont les plus habités que j’aie vus. Partout des villages qu’unissent des maisons à mi-côte : c’est une rue continuelle. Autour de ces maisons, des vignobles soutenus par des murailles d’un mètre de hauteur, qui s’étendent jusque dans le lac en petites jetées. Entre deux vignobles, les espaces vides forment des refuges pour les canots.

Quelques-uns de ces bourgs ou villages ont de véritables ports avec leurs quais. Des navires d’assez fort tonnage peuvent y aborder et y trouver un abri.

Une église sur la colline m’annonce encore l’approche d’une station. Là, un gazon en escalier forme dix étages de verdure.

Bientôt Zurich se développe devant nous ; nous y sommes à une heure après midi. Je prends immédiatement l’omnibus pour gagner le chemin de fer. J’y ai pour compagnie deux jeunes villageoises suisses, sœurs sans doute, grandes, bien tournées. Deux tresses énormes leur descendent jusqu’aux mollets. Sur leur tête, en manière de coiffe, est un ruban noir de quatre à cinq pouces de largeur et de douze à quatorze de longueur, placé horizontalement en ailes de moulin et formant la croix. Cette bizarre coiffure ne les empêche pas d’être fort jolies : c’est un moulin à faire tourner les têtes.