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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/147

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perschwyl fait aujourd’hui partie du canton de St-Gall. Sa population est de dix-neuf cent cinquante âmes, d’autres disent deux mille cinq cents.

Il me serait difficile de nommer toutes les stations où nous allons prendre ou débarquer des voyageurs, mais j’ai déjà dit que ces temps d’arrêt, toujours fort courts, n’ont rien d’ennuyeux, car à tout instant le spectacle change : d’autres points de vue et d’autres figures vous donnent d’autres pensées. Il n’y a point ici de monotonie, cette plaie de l’existence.

À onze heures, nous sommes à Reichterschwyl. En face, nous avons le lac dans toute sa splendeur et sa plus grande largeur. Reichterschwyl est un lieu très-commerçant, ayant son petit port, son petit môle, et une belle fabrique de tissus annoncée par des pièces d’étoffes rouges qui, étalées en longue ligne sur l’herbe, forment ainsi des champs de carmin. La position de cette petite ville, où l’on compte de trois à quatre mille habitants, est vraiment délicieuse. Les collines qui l’entourent, couvertes de vignes, d’arbres à fruits et de jolies maisons, paraissent plus fraîches encore par l’effet des monts incultes et crayeux qui les dominent.

À onze heures et demie, nous passons devant un hameau dont tous les environs sont couverts de vignes. Il y en a si près du bord, que du bateau on pourrait compter les grappes de raisin. Ces vignes n’ont guère que cinquante à soixante centimètres de hauteur, mais, toutes égales et parfaitement alignées, on croirait voir un régiment qu’on va passer en revue. Je remarque une maison sur le toit de laquelle est écrit R. W. en lettres de cinq pieds de haut.