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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/181

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Il fut question d’un évêque, celui de Bergame, je crois, qui avait mis en interdit une église parce qu’un laïc y avait prononcé un discours politique : « J’ai, dans un cas pareil, dit la duchesse, fait saisir et conduire l’orateur au corps-de-garde pour avoir troublé l’ordre public, et je ne donnai pas d’autre suite à l’affaire. » — Ici elle avait fait preuve de plus de sens que le prélat.

À propos d’une autre circonstance, je lui dis qu’elle s’était montrée Française : « Je l’ai toujours été, me répondit-elle, et je le suis encore. »

Jusqu’ici la conversation avait eu lieu en français. Quelques dames italiennes se trouvant là, on causa en italien, et je me crus revenu aux jours de ma jeunesse : pendant des années, je n’ai guère parlé d’autre langue.

La soirée finit par une lecture que fit la duchesse, et elle y excelle : son organe est sonore, sa prononciation nette et pure.

À dix heures, elle se retira. Je retournai à Rapperschwyl avec le comte Boselli et le comte Simoneto auquel je parlai des Simonet ou Simoneti de France, dont une, ma cinquième aïeule, était nièce d’un cardinal. Il y avait eu aussi un cardinal dans sa famille : était-ce le même ? C’est ce qu’il ne savait pas, ni moi non plus.