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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/251

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Je vais faire une visite à M. Pictet. Il était en voyage et, à mon grand regret, je n’ai pu le voir.

Je reconnais la maison de feu mon ami le comte de Sellon, mort trop tôt pour la science et pour l’humanité. Il consacra toute sa vie à prêcher la paix universelle, mais vox clamantis in deserto. C’est que pour l’obtenir il faudrait d’abord changer les hommes en anges : encore en a-t-on vu de batailleurs.

Le musée, fondé par le général Rath dont il porte le nom, a bien aussi son intérêt. En outre des œuvres des peintres genèvois, il y a des tableaux des grands maîtres.

Je visite encore quelques établissements, une église, une synagogue, etc. Je suis reçu partout avec une urbanité parfaite.

Du pont des Berques, on a la vue de l’île de Jean-Jacques et du port, et en se retournant, celle du Mont-Salève, du Mont-Blanc, de l’Aiguille du Midi, de l’Aiguille Verte, de celle de Tanninges, etc. C’est ici le pays des vues et des promenades.

D’un autre point plus élevé, je distingue la jonction de l’Arve et du Rhône, l’Arve aux eaux blanches, le Rhône aux eaux bleues, et Carouge, qui sera bientôt faubourg de Genève. À mes pieds est un pont de fer, et au loin, une vaste étendue de jardins légumiers ressemblant à un damier. À gauche, dans les rochers sur le Rhône, de petits vignobles et un bois. À droite, les montagnes.

À gauche, on me montre aussi l’asile des vieillards où, pour trente francs par mois, on a logement, déjeûner de café au lait et pain ; à midi, potage, légumes