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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/258

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vignes, des terrains cultivés. En approchant de la station de Pyrimont, la voie ferrée est taillée dans le roc formant l’ancienne rive. Là, on est à cinquante mètres au-dessus du fleuve actuel. Qu’est devenue la masse d’eau qui y coulait jadis et qu’il a perdue, car si l’on en juge à ses bords, cette eau est réduite à un tiers ? Il en est ainsi de presque tous nos fleuves européens. Est-ce la diminution des masses neigeuses et des glaciers qui a amené ce retrait des eaux ? Bien certainement la fonte de ces glaciers contribue à alimenter les fleuves qui y ont leur source. Ce qui a amené la période glaciaire a dû être l’abondance de cette neige et l’extension des glaces qui ont couvert une partie de notre Europe. C’est lorsque le climat s’est adouci et à la fonte de ces amas glacés que les rivières ont roulé le plus d’eau et qu’il a dû s’en former de nouvelles. Ces moyens d’alimentation diminuant, il est facile de voir ce qui doit en résulter.

Après l’épuisement des fleuves et des rivières ou leur transformation en ruisseaux, ces ruisseaux devront disparaître à leur tour. Alors que deviendront les campagnes qu’ils arrosent ? — Il s’en formera d’autres, dira-t-on. — C’est possible ; mais depuis la période historique, nous n’en avons pas eu d’exemple : on ne connaît pas de rivière de formation moderne. Notre planète, si souvent ravagée par des crues d’eau, est-elle destinée à périr par la sécheresse et à devenir un Sahara ? Les océans eux-mêmes voient leurs eaux baisser. Sans doute il est des points où la mer empiète sur les terres, mais c’est chose locale ou accidentelle, et, considérée dans leur ensemble, la somme de leurs eaux est