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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/259

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bien moindre qu’elle n’a été dans le principe. Évidemment la portion solide du globe croît au détriment de sa partie liquide ; elle continue à se condenser, et en augmentant en poids par les additions extérieures, aérolithes et autres, elle ne paraît pas gagner en volume ou en étendue : peut-être même est-ce le contraire qui arrive. Où cela s’arrêtera-t-il ? Un monde peut périr par un excès de condensation comme par une trop grande dilatation.

Dans cette condensation de la terre dont nous pouvons suivre les progrès, les mers intérieures ou méditerranées doivent disparaître les premières, et nous en avons sous les yeux de nombreux exemples dans ces bancs coquilliers qu’aujourd’hui nous foulons aux pieds ; mais lorsque ces mers ont tari ou on changé de place, les grandes espèces terrestres n’existaient pas ou étaient peu nombreuses : de là l’absence ou la rareté de leurs débris. Il n’en serait plus de même aujourd’hui, et quelles richesses n’offrirait pas le fond de ces mers sillonnées par nos vaisseaux ? Combien de millions de ces vaisseaux n’y ont-ils pas disparu ? Que de matières précieuses, que de chefs-d’œuvre de l’art leurs eaux ne couvrent-elles pas ! Et avec ces objets de l’industrie humaine, que de produits d’une nature jusqu’alors inaperçue ! Que de formes inconnues d’animaux submergés par ces déluges ! d’hommes même témoins des temps géologiques et dont les races n’ont plus de similaires sur la terre ! Oui ! le fond des mers, cet aboutissant de tous les fleuves, de tous les torrents, de toutes les eaux enfin qui balayèrent le globe, est devenu le dépôt général, le grand ossuaire des êtres