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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/265

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Ici, les villages et les habitations sont moins rapprochés, cependant la campagne y est riche ; le jardinage et la culture dite maraîchère n’y sont pas moins perfectionnés que dans les alentours de Paris et aux environs d’Abbeville où nos jardiniers, avec un coin de terre, en y multipliant leurs récoltes et en variant habilement leurs produits, parviennent tous à s’enrichir.

J’aperçois aussi des champs de courges, mais moins monstrueuses que celles de la Somme qui ont quelquefois remporté le prix au concours de Paris. On sait que ces gros légumes y ont leurs jours de fête, et qu’il y a des palmes pour le vainqueur. Ce n’est pas, comme chez les chevaux, la légèreté qui triomphe, c’est la rotondité et la pesanteur.

Des royautés de nos pays
Formant l’empire de Pomone,
Il en est une qu’on patronne :
C’est celle qu’à la fin d’automne
La bonne ville de Paris,
Au bruit de la cloche qui sonne,
Chaque année, aux halles, couronne.

Minerve, Junon et Cypris
Et tous leurs appas réunis,
Jamais n’auraient formé la somme
Qu’aurait pu montrer à Pâris,
Quand il dut adjuger la pomme,
La déité que je vous dis.

Oui ! seule elle aurait eu le prix
Et sans discussions ni brouilles,
Car près d’elle, courges, melons
Et pastèques et giraumons
N’eussent semblé que des cornouilles.
Pour l’embrasser, il faut six bras :
Neuf pieds de tour pris au compas,
Trois quintaux, poids de marc. Hourras !
Vive la reine des citrouilles !