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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/81

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dernière paix, quarante mille Français. Pas un seul arbre de la promenade qui l’environne n’a été endommagé. C’est là que l’on a célébré, il y a un mois, la fête de Napoléon. Il y reste encore quelques troupes campées, et huit pièces de canon prises sur les Autrichiens par les Piémontais.

Je monte en omnibus pour gagner la voie qui conduit à Milan. Bien que l’hôtel Feder soit le premier de Turin, les prix y sont fort modérés : ma carte à payer, pour chambre, antichambre, un dîner et deux déjeûners, ne s’élève qu’à dix-huit francs.

La gare de Turin est pitoyable ; probablement elle n’est que provisoire.

Nouvelle surprise : ici je retrouve, pour la quatrième fois, la petite valseuse et son père qu’il est bien facile de reconnaître à ses cheveux gris et ses moustaches noires.

En attendant le signal du départ, plusieurs officiers déjeûnent à grand bruit. Je les écoute babiller. L’un se plaint de ce qu’on ne lui sert pas de poisson. Un autre, qui est à une table à côté, le plaisante et lui dit : « Cela ne m’étonne pas ; voilà six lieues que je fais avec mon ordonnance, une ligne à la main, sans pouvoir en pêcher un. »

Le signal est donné. J’ai pour compagnons de wagon un officier qu’on qualifie de général, mais sans dire son nom, un ingénieur, et un capitaine de carabiniers piémontais. Nous passons la Doira. Partout la campagne est en pleine végétation, et l’on ne s’y aperçoit pas du séjour des armées. Les environs de Verceil sont surtout remarquables par leur fertilité ; j’y vois des risières