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Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/87

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sident luy vouloit faire, elle dit à sa femme de chambre d’appeler ses camarades. « Vous me faites plaisir, luy dit cet amant outré, et je souliaitterois que tout Paris y fust, pour rendre vostre honte plus publique. — Insolent ! j’auray bientost raison de votre extravagance !» luy dit la Moliere.

Dans ce moment, une partie des Comédiens entra dans la loge, où ils trouvèrent le Président dans une fureur inconcevable, et la Demoiselle dans une si grande colere qu’elle ne pouvoit parler. Elle expliqua pourtant à peu près à ses camarades ce qui l’avoit obligée de les envoyer quérir, pendant que le Président leur contoit aussy les raisons qu’il avoit d’en user avec la Moliere de cette façon, leur protestant, avec mille sermens, qu’il la connoissoit pour l’avoir veue plusieurs fois dans un lieu de débauche, et que le collier qu’elle avoit au cou estoit un présent qu’il luy avoit fait. La Moliere, entendant cela, voulut luy donner un soufflet, mais il la prévint et luy arracha son collier, croyant avec la derniere certitude que ce fust le mesme qu’il avoit donné à la Tourelle, encore que celuy-là fust beaucoup plus gros.

A cet affront, que la Demoiselle ne creut pas devoir supporter, elle lit monter tous les Gardes de la Comedie. On ferma les portes et on envoya quérir un Commissaire, qui conduisit le