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Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/88

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Président en prison, où il fut jusqu’au lendemain, qu’il en sortit sous caution, soutenant tousjours qu’il prouveroit ce qui l’avoit forcé à maltraitter la Moliere, ne pouvant se persuader que ce ne fust pas elle qu’il avoit veuë chez la Ledoux.

La Moliere, qui avoit reçeu une insulte, furieuse, demandoit de grandes réparations contre le Président. On informa de la chose. Elle fut confrontée devant l’orphevre, croyant que cette seule preuve detruiroit l’erreur du Président ; mais elle fut bien autrement désolée, quand l’orphevre asseura qu’elle estoit la mesme qui avoit acheté le collier avec le Président. Elle estoit inconsolable de ce que toute son innocence ne pouvoit la justifier ; elle faisoit faire des perquisitions, par tout Paris, de la Ledoux, que l’on disoit estre celle qui l’avoit produite ; mais cette femme s’estoit cachée, à la première nouvelle qu’elle avoit eue de cette affaire, et on eut beaucoup de peine à la trouver. Enfin elle fut prise, elle avoua toute l’affaire, et qu’il y avoit une femme qui, par la ressemblance qu’elle avoit avec la Moliere, avoit trompé une infinité de gens ; que c’estoit la mesme qui avoit produit l’erreur du Président, Enfin la Tourelle fut aussy prise. La Moliere en eut une joye inexprimable, esperant par là faire croire, dans le monde, que tous les bruits qui avoient coureu d’elle avoient esté causez