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Page:Boudin - La Fameuse Comédienne, 1688, édition Bonnassies, 1870.djvu/89

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par la ressemblance qui estoit entre elle et la Tourelle. Elle faisoit travailler avec soin au procès de sa rivale ; et, comme elle avoit de l’argent, et que l’autre, au contraire, ne comptoit que sur sa bonne fortune journalière, les choses allèrent ainsy qu’elle voulut, et, malgré l’injustice qu’il y avoit à la punir d’un crime dont la Moliere auroit pû luy donner des leçons, la Ledoux et la Tourelle furent punies devant l'Hostel de Guénégaud, où loge la Moliere, qui, toute orgueilleuse d’avoir pleinement satisfait sa vengeance, et croyant avoir assez bien restably sa vertu aux yeux de tout Paris, faisoit valoir à Guerin, pour un grand bonheur, qu’une femme comme elle daignoit le regarder.

Luy, qui songeoit à s’en rendre le maistre, et qui regardoit ce mariage comme une chose qui establissoit sa fortune, luy donnoit avec profusion tout l’encens qu’elle pouvoit desirer. Il eust esté, en un besoin, à l’adoration, pour la mener jusqu’au sacrement ; mais c’estoit une chose où elle avoit bien de la peine à se résoudre. Elle avoit fait un usage trop agréable de la liberté que donne la qualité de veuve, pour ne la pas quitter avec regret ; elle apprehendoit de prendre un maistre qui ne s’accommodast pas à son humeur. Guerin, de son costé, faisoit tous ses efforts pour la guérir de ses appréhensions, luy disant que s’il souhaittoit de