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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/113

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digne d’avoir des remords du bien et je veux les étouffer à leur naissance. Ma sœur, ma cousine et Mme de Blot me mandent à l’envi qu’elles emploieront tous leurs moments à faciliter le retour de ce pauvre homme, qui risque de ne pas faire un plus long séjour cette année que moi l’année dernière. S’il aimait et s’il était aimé, je le plaindrais bien, car je sais ce qu’il en coûte.


Ce 7. — Je suis obligé de partir d’ici à trois jours pour le Sénégal, afin d’arranger les affaires de la Compagnie et surtout le voyage de Galam, qui est l’affaire importante qui presse et qui souffre de grands obstacles. Par bonheur que mon doigt est entièrement guéri et ma santé parfaitement bonne, car s’il avait été question de cela il y a quinze jours, je ne l’aurais jamais pu et l’on m’aurait accusé d’indifférence et peut-être de mauvaise volonté. J’envoie à Galam ce pauvre diable d’abbé Miolan connu ici sous le nom de M. Prelong ; j’espère d’après sa conduite ici qu’il s’y conduira bien et qu’il rendra de bons services. Je garde à sa place un jeune homme très aimable parti de France sur les plus belles promesses de M. Fraisse et détourné de son projet par le manque de parole de la Compagnie. Il me faut à chaque instant prendre beaucoup sur moi et je m’attends d’avance à l’ingratitude des gens que j’aurai servi ; mais on ne ferait jamais le bien si l’on ne travaillait que pour la reconnaissance. Oh ! ma femme, quelles gens que tout cela en comparaison de quelqu’un que je connais et j’oserais presque dire de quelqu’un que tu connais.


Ce 8. — Voilà un vaisseau qu’on dit venir de