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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/114

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France. S’il réparait les torts du dernier et qu’il m’apportât ces lettres que tu m’as sûrement écrites, comme il serait reçu. Mais point du tout, c’est un américain qui n’apporte selon toute apparence que des planches ou des vivres et à qui je ne permettrai peut-être pas de rester dans notre rade. Adieu, ma fille, je t’embrasse, je te baise et je te baise encore et encore comme si je n’avais que cela à faire en Afrique.


Ce 9. — Je passe ma vie à faire et à défaire des paquets. Tu n’imagines pas tout le train que ton pauvre diable de mari mène avec lui ; ce sont des caisses, des ballots, des tonneaux, des paniers qui ne finissent point. Mais ce qui ajoute le plus à la magnificence du voyage, c’est toute la volaille que je mène à ma suite. On m’annonce qu’il faut embarquer cent vingt poules et vingt-quatre oies ; je trouve que cela ressemble à une continuation des Facardins. Adieu ; si je n’avais à te sacrifier que mes paquets, cela ne serait point difficile ; mais les affaires présentes, passées et à venir, fondent sur moi comme un orage. On veut des décisions sur tout et comme ma petite Égérie n’est point là, je ne suis pas sûr de bien prononcer.


Ce 10. — Je me dépouille de mes outils, de mes instruments de mathématique et de physique et de mes livres pour ces messieurs de Galam. Je souhaite qu’ils en fassent un bon usage et surtout qu’ils me les rapportent tôt ou tard. Mais les pauvres diables me paraissent des victimes marquées pour un triste sacrifice. Qu’attendre de gens qui n’ont au-