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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/116

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Ce 12. — Nous avons un temps plus favorable que je ne l’espérais et comme le petit bâtiment est très bon et très bien conduit, nous pourrions fort bien arriver ce soir au mouillage et passer demain la barre. Je continue à me bien porter et tout le monde à être malade, en sorte qu’il n’y a que le capitaine avec qui je puisse causer. C’est un excellent homme, qui était pilote sur le Rossignol et que je n’ai fait placer dans la colonie que parce que je connaissais à fond tout son mérite. Ainsi ne sois point inquiète de ton bonhomme de mari : d’ailleurs pense toujours au grand Detella, digne successeur d’Amphiaraüs, qui t’a promis un retour heureux et même glorieux.


Ce 13. — Nous avons eu hier un petit orage, qui nous a forcés à retarder notre marche. Il y a d’abord eu un grand vent, ensuite beaucoup de pluie, à présent beaucoup de calme. Si nous avions osé profiter du coup de vent et que nous n’eussions pas craint qu’il forçât, nous serions arrivés en deux heures ; mais cela n’aurait pas été prudent et j’ai pensé que j’étais chargé de ton mari, et, quelque jolie que tu sois dans tes habits de veuve, comme je n’aurais pas le plaisir de t’y voir, j’ai mieux aimé différer la partie. Adieu, ma bonne et jolie petite créature, je tâcherai de t’envoyer ou de te mener une petite gazelle, qui te ressemble comme deux gouttes d’eau.


Ce 14. — Nous voici au mouillage attendant le jour pour passer la barre en chaloupe et plus tourmentés que nous ne l’avons été dans toute la traversée. Tu dois t’en apercevoir à mon écriture, mais un peu d’ennui est bientôt passé. Encore trois ou