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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/123

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presque point souffert de la chaleur et des autres vices du climat. Au reste, je sens dans mon corps et dans mon esprit la force nécessaire pour tout supporter ; mes fonds de patience sont faits jusqu’au premier de l’an, mais aussi je veux t’avoir pour mes étrennes.


Ce 28, à bord de la « Cousine ». — La barre est passée et nous avons un vent admirable pour aller à Gorée ; mais comme le bâtiment est comble de passagers, je n’ai ni la place ni le temps de te dire autre chose que ce que tu sais si bien.


Ce 29, à Gorée. — J’arrive après vingt-trois heures de marche, conduit par mon bon ami M. Martin, que j’ai fait capitaine de mon port et de mon vaisseau et qui est bien un des plus grands marins qu’on ait jamais vus. J’ai été reçu ici comme un bonhomme de père par ses enfants ; je trouve tout un peu en désordre, parce qu’on est brouillé avec les peuples de la côte. Une de mes chaloupes y a fait naufrage, ils l’ont tirée sur le rivage, l’ont pillée, ont arrêté les matelots et les tiennent aux fers. Je vais faire mes dispositions pour sauver ces pauvres diables et punir les coquins qui les gardent en captivité. Adieu, tu sauras des nouvelles de l’expédition.


Ce 30. — Il est parti trois bâtiments armés de canon, deux chaloupes armées de fusils de rempart et quarante hommes de débarquement sous la conduite d’un M. Charron, que M. de Bouillé aime à la folie, et de mon ami Villeneuve. Le cœur me bat. Ils ont ordre de commencer par faire expliquer en langue du pays un ordre de ma part et de n’agir qu’en