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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/124

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cas de résistance. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que la mer est fort grosse et que l’abordage est très difficile et même dangereux ; mais je cherche à me tranquilliser en me répétant qu’il n’y avait ni un moment à perdre ni autre chose à faire.


Ce 31. — Victoire, victoire, et la plus douce de toutes les victoires, car c’est sans coup férir. Ma déclaration, lue par le maire de notre ville de Gorée, a fait son effet : les captifs sont rendus, la chaloupe restituée, elle sera raccommodée aux frais des coupables et l’on va m’envoyer une députation pour faire amende honorable. L’essentiel est de ravoir mes pauvres prisonniers et qu’il ne soit rien arrivé à personne, surtout à cet excellent petit Villeneuve, que j’aime véritablement comme mon fils. Adieu, je vois d’ici que tu es bien contente.


Ce 1er août. — Ce mois-ci est, à ce que l’on dit, le plus terrible de l’année. Je veux y entrer avec un saint respect et j’espère d’après tous les soins que j’ai pris de nos logements, de nos vivres, de notre hôpital et d’après divers petits règlements de police, que nous en sortirons tous avec honneur. En attendant, il fait très beau, les orages sont faibles, les pluies sont douces et les chaleurs supportables. Ainsi, ma bonne femme, prends ton parti et crois comme moi que tu reverras ton mari.


Ce 2. — Tout va toujours assez bien, excepté moi qui ai souffert des dents toute la nuit et qui ai perdu mon très cher galanga[1]. Je suis aussi désorienté

  1. Plante dont la racine était un stimulant fort employé au temps de Boufflers, ainsi que la patience qui était en usage comme un laxatif.