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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/63

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de droite et de gauche il y a beaucoup moins d’eau et qu’ils risquent de toucher. Je viens même de faire sauver les effets d’un bâtiment français, qui a fait naufrage à une lieue d’ici par cette raison-là. Ainsi il faut attendre et, comme dit fort bien Polyxène, ne point mesurer sa faiblesse contre la nécessité, et, comme dit encore mieux l’ange Gabriel à notre premier père, ne point souffler contre les vents. D’ailleurs, qu’est-ce que tout cela me fait ? Je ne t’en reverrai point un instant plus tôt, et c’est toi, et ce n’est que toi que je veux revoir.


Ce 13. — Les vents et les choses toujours contraires, ce qui me console un peu, c’est que j’ai rassemblé de jolis oiseaux pour ton cabinet et quelques coquilles, mais toutes à peu près de la même espèce. J’espère que mon voyage de Serre Lionne et des Îles du cap Vert sera un peu plus productif ; je compte sur de beaux bois, sur de belles plantes, sur de jolies gazelles, enfin, je compte sur bien des choses. Mais, par malheur, on dit qu’il ne faut compter sur rien ; je crois pourtant pouvoir faire une exception à la règle.


Ce 14. — Nous partons décidément ce soir, mais avec bien de la peine, et pour ne pas aller bien loin. Par bonheur que je me trouve à merveille avec mes compagnons de voyage et qu’il me paraît qu’ils se trouvent bien avec moi : sans cela je ne pourrais point penser sans frémir au temps énorme que cette tournée-ci pourra bien durer. Mais les bonnes gens s’ennuient toujours moins ensemble que les autres ; d’ailleurs, je suis suffisamment bien logé et parfaitement bien nourri. Avec cela, il ne manque rien,