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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/67

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d’espérance. Le vent s’est retourné du bon côté, mais un instant seulement ; et puis il est revenu du mauvais, mais on compte que demain le bon vent reviendra à la même heure et nous serons tout prêts pour en profiter. Quand tout ceci finira-t-il ? quand te reverrai-je un instant ? Un seul instant me ferait tant de bien. Il me semble que je retrouverais des forces et du courage pour l’avenir. Cependant, à juger par l’expérience, ta vue m’a fait un effet contraire ; elle me rendrait toutes les forces possibles excepté celle de te quitter. Adieu.


Ce 23. — Le bon vent n’a point reparu et nous restons à l’attendre ; cependant mon impatience commence à se communiquer à tout le monde, et dès ce soir, lorsque la mer commencera à se retirer, nous lèverons notre ancre, nous servant du vent, pour ne pas nous laisser trop aller à la marée, qui pourrait bien nous mener sur des bancs et nous servant de la marée pour marcher à l’encontre du vent. Je me sers des termes les plus accommodés à ton ignorance, encore ai-je peur qu’elle ne me fasse pas l’honneur de m’entendre. Il faudrait remettre l’explication de tout cela au moment où nous nous reverrons, mais j’espère que nous aurons mieux à faire. Qu’il vienne donc vite ce moment-là et surtout qu’il dure longtemps. Adieu.


Ce 24. — Nous faisons ce que je t’avais dit et cela nous réussit assez bien ; j’espère demain être hors de cette maudite Gambie, où je suis entré par trop de zèle pour visiter un petit établissement, qui n’en valait pas la peine, et pour y recevoir toutes les marques de défiance et de mépris que mes prédécesseurs ont