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Page:Boufflers - Journal inédit du second séjour au Sénégal 1786-1787.djvu/90

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des guêpes et des cousins. Toi qui as si peu de talents pour supporter l’ennui et l’importunité, j’aurais voulu t’y voir, d’abord parce que je t’aurais vue, et puis parce que j’aurais entendu ces fureurs, ces emportements, ces cris, qui feraient croire que ma bonne femme est un démon, tandis qu’il n’y a rien de si doux et de si bon dans le monde. À propos, mon enfant, il faut que je te gronde de quelques petites confidences que tu fais à la poste, qui pourraient bien de temps en temps revenir aux gens même dont tu parles et te faire des ennemis, toi dont la haine ne doit pas plus approcher que la glace n’approche du Sénégal. Mais, tout en te grondant, il faut que je te remercie de ces charmantes lettres, dont je ne t’ai dit qu’un mot parce que je n’avais qu’un moment. Je les trouvais si charmantes de tout point que je me suis bien promis en les relisant de ne jamais relire les miennes, pour éviter une comparaison que ni moi ni d’autres ni personne, né ou à naître, ne soutiendrons jamais. Adieu, esprit divin.


Ce 7. — Je ne sais si tu sais ce que bien du monde ne sait pas, que c’est aujourd’hui ma fête. Elle m’a été souhaitée au moment où je m’y attendais le moins par les blancs et les noirs, et tout ce qui s’ensuit, et j’attends impatiemment de tes nouvelles d’aujourd’hui pour voir si tu es aussi exacte à ton devoir que le reste de mes sujets.

Je me permets à cette heure de m’occuper de ta grande affaire ; jusqu’à présent, je repoussais cette idée-là loin de moi comme une mauvaise pensée ; mais puisque tu as vu, puisque tu as parlé, surtout puisque tu as eu de longs entretiens, la chose est immanquable. Je ne crains rien pour toi toutes les