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Page:Bouglé - La Démocratie devant la science, 1904.djvu/290

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confrontations il faut dégager maintenant les résultats généraux.

I

Il n’est pas facile de les résumer en une seule formule. Car aux arguments lancés contre la démocratie, nous avons opposé plusieurs espèces de réponses : dans le combat engagé nous avons utilisé plusieurs tactiques.

Et d’abord, nous avons en quelque sorte opéré une reconnaissance, pour voir de près l’ennemi et mesurer ses forces par nos yeux. Ces lois naturelles, au nom desquelles on excommuniait les aspirations égalitaires, nous avons voulu, en remontant aux écrits des naturalistes, les préciser nous-mêmes.

Nous nous sommes aperçus alors qu’elles étaient, sur bien des points, moins inflexibles et comme moins impératives qu’on n’essayait de nous le faire croire. — S’agissait-il par exemple de la différenciation, qu’on nous présentait à la fois comme le plus indispensable instrument et le mètre le plus indiscutable du progrès ? Nous avons constaté, en premier lieu, que là même où elle triomphe elle n’est jamais portée à l’absolu ; entre les éléments qu’elle spécialise, elle laisse subsister nombre de ressemblances et de rapports sans lesquels ses heureux effets seraient enrayés. Et puis ses effets sont-ils toujours heureux ? Qu’on se place au point de vue des éléments ou même au point de vue des ensembles, qu’on estime par-dessus tout la durée propre ou « l’importance » générale, la fécondité ou la plasticité, nous avons démontré combien il était difficile d’aboutir, en de pareilles matières, à des conclusions objectives. — La loi de Lamarck, de son côté, ne nous paraissait pas appeler moins de restrictions ou de réserves que la loi de Milne-Edwards. Rien n’est moins sûr que la transmission héréditaire des qualités acquises. En tous