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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/111

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siège de quimper

Le manoir des Salles est sur la route, et au-dessous il est un chemin par lequel tous doivent passer avant de reprendre la hauteur, où les plus grandes précautions de silence doivent être reprises : au manoir des Salles les propriétaires étaient absents, et l’avant-garde avait un détour à y faire, on jugea le moment propice pour échanger avant de faire un silence relatif, les derniers propos du chemin.

Belles dames de Quimper, jeunes vierges candides qui dormiez à cette heure, d’un sommeil si pur, comme vous aviez raison le lendemain d’aller allumer des cierges aux autels de vos saints et saintes vénérés qui sûrement durent vous protéger ce jour-là… l’avant-garde des ligueurs se trouvait massée dans un endroit découvert de la route, près d’un taillis bordant le chemin… entré temps un solide gaillard de l’avant se détourne… Compagnons, nous pouvons bien dire, qu’avant demain, bonnes bourgeoises et leurs gentilles filles pourront se procurer beaucoup de plaisir sans péché, elles n’auront pas besoin d’absolution car nous ne leur demanderons pas leur consentement. À ces paroles dites d’un air goguenard, une vive lueur se fit, une décharge de nombreuses arquebuses, comme un coup de tonnerre, vint mettre un désordre épouvantable dans les rangs. Ce fut une débâcle dans la demi-obscurité d’un simple rayon de lune, les chevaux buttent, les hommes vocifèrent, les blessés se plaignent et il y avait des morts sur les cadavres desquels on piétinait… cette première décharge est suivie d’une seconde dans le gros de la troupe le cri de trahison se fait entendre, on ne songe plus aux blessés… chacun pour soi et sauve qui peut… chacun s’en retourne au plus vite, le reste de la troupe fait volte-face, et en toute