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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/12

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lesquels, on ramenait le peuple à la fidélité à son prince et à son Dieu.

La contrée était infestée de brigands de toutes armes, sous toutes bannières, égorgeant, criant, Lorraine ou Henri, Navarre ou Jésus… purs prétextes… religion et royalisme, comme en beaucoup d’autres temps étaient des moyens de faire valoir des prétentions ambitieuses, ou des prétextes pour les déguiser…[1] La Bretagne montra beaucoup de modération. Avec beaucoup de résistance, la Bretagne entra dans la ligue. Avec beaucoup de répugnance plusieurs villes entrèrent dans le parti, et si plus tard, on la vit une des dernières se ranger sous les lois de Henri IV, c’est qu’un prince ambitieux, Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, était parvenu à force d’adresse à lui faire un devoir de sa rébellion… ne leur disait-il pas : La conservation du culte de vos pères, doit être plus sacrée à vos yeux, que les droits de Henri de Navarre, huguenot… Âgé de 24 ans, beau-frère de Henri III, il fut nommé gouverneur de Bretagne… Il était jeune, il était ardent, n’était-ce pas assez pour voir germer dans son âme des pensées ambitieuses ? Ne pouvait-il pas arriver premier ? D’abord fidèle à Henri III, il soutint l’attaque des huguenots. Mais ensuite le mauvais état des affaires de la ligue faiblement dirigée, ne permettant plus ni d’espérer ni de craindre la domination du pouvoir légitime, ne valait-il pas mieux agir pour son propre compte ? Logique d’un homme ambitieux et hardi.

En somme sans l’avouer, chacun conservait son but secret… Crimes, pillages, dès lors qu’il n’y avait plus d’autorité, se perpétraient en Bretagne.

  1. Que d’exemples pourrions-nous citer de nos jours… que de conversions à gauche, que de conversions à droite… on suit le courant des intérêts.