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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/133

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saccage de pont-croix (1597)

s’empile dans les chariots dégarnis de la paille, des landes, des genêts empilés dans l’église… le bruit est effroyable, sinistre, une soldatesque ivre, hurle, insulte les pendus, dont les cadavres ballottent dans le vide, au-dessus des têtes… Des brocs de vin, d’hydromel circulent à la ronde et proviennent des maisons pillées… à tous moments, le cri, vive le Baron de La Fontenelle se fait entendre… celui-ci inflexible et morne, reste les bras croisés… on sait que c’était sa pose favorite.

De sa voix forte il crie… Tous ici vous êtes traitres à votre partie… vous avez forfait à l’honneur… aucune loi ne saurait vous protéger, ne saurait protéger des traitres à leur cause et à Dieu, repentez-vous… si un serment a été surpris à ma clémence, je m’en suis allègrement dégagé, j’en avais le droit. Sus, sus, soldats de l’union à sac, à mort, et que Dieu nous protège.

Un hurlement de bêtes fauves échappées répond à ses cris et blasphèmes.

Toujours maintenu vivant, le pauvre Lavillerouaut, voit ces horreurs, comprend tout, et ne quitte pas des yeux sa pauvre Yvonne… La pauvre demoiselle de Kerbullic, jeune femme de la veille, ne peut plus qu’éclater en sanglots, entrecoupés de cris déchirants, on la maintenait contre la muraille, elle ne s’aperçut pas que des mains impudiques arrachaient son collier d’or et de perles… elle était insensible. Mais hélas ! ce n’était pas la fin de ses douleurs et de ses hontes.

Il est rapporté que La Fontenelle, éprouva un moment de pitié, à la vue de tant d’infortunes… exista-t-il ? alors ce ne fut que l’éclair d’un moment… L’infâme La Boule, par quelques mots à voix basse fit taire cette impression d’un