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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/132

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saccage

Jean Cosquer curé de Pouldreuzic, fut incontinent hissé à une échelle et pendu haut et court. Sommairement on procéda près des miliciens… et le lieutenant La Boule l’âme damnée, riait aux éclats, criant au pied du gibet : « Le prêtre ne fait pas trop de grimaces pour un corbeau, » et les soudards sans cœur, à son exemple insultaient, couac, couac, couac… mais la victime n’entendait plus… il était là, la langue dehors, ballottant dans l’espace.

Allons, sire gouverneur, dit l’infâme lieutenant vous aurez fait pendre mes compagnons de dimanche dernier, la veille de vos noces, vraiment… allons, votre tour va venir, et sang Dieu, votre gavotte ne sera pas gaie, pas aussi gaie que celle de vos noces, et les soudards pendaient sans relâche… évidemment la place actuelle avait quelques arbres, comme cela se rencontre encore, à l’entour des sanctuaires vénérés, là où se rassemblent les pardons, peut-être, et c’est l’avis de quelques-uns, la scène se passait-elle dans le cimetière adjacent.

Toujours la visière baissée, Guy Éder assistait impassible, sa haute taille dominant la foule.

On a dit qu’une vengeance personnelle l’animait contre Lavillerouaut et cela depuis le collège de Boncourt, où ils se seraient connus, mais le gouverneur de Pont-Croix, était plus âgé de quelques années, il faut que ce soit du roman, et je tiens à raconter les faits, tels que l’histoire les a conservés, à la suite du procès de 1602, à Paris, où la dame du seigneur fut le principal témoin, et a donné le détail de cet horrible drame.

Reportons-nous à ce moment terrible… une fumée épaisse enveloppe la place, le sommet de l’église profanée est sous un nuage… Des pillards descendent de la tour chargés de butin, et tout