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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/161

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atrocitées de son exécution

supplice des brodequins… Son énergie étonna ses bourreaux… La question des brodequins est atroce, les pieds sont mis dans des brodequins d’airain, et quatre coins soit de bois dur soit de fer, sont frappés avec force, brisent les chairs, les muscles, les nerfs… le sang jaillit des veines… La question extraordinaire n’est pas plus barbare, ce sont quatre autres coins que l’on introduit sous les autres et qui broient les os, mettent le membre en bouillie.

Aucun aveu, aucune parole ne sortit de sa bouche, il ne perdit même pas connaissance.

Ensuite le corps fut jeté dans un dégoûtant tombereau, pour le conduire au supplice… Un prêtre octogénaire l’avait confessé et absous, il l’accompagna dans l’ignoble traîneau… C’était le 27 septembre 1602… La Fontenelle avait à peine 28 ans.

Le cortège arriva en place de Grève, une pluie fine tombait. Ses beaux cheveux blonds que la sueur et les douleurs du supplice avaient emmêlés, se trouvaient collés le long de son large front… Une foule immense, houleuse est sur le parcours… Elle se presse pour voir la figure encore belle… Sur le passage les fenêtres sont encombrées.

Le vieux prêtre ne cesse de l’exhorter, et il semble l’écouter attentivement… Sans sourciller, La Fontenelle regarde la terrible croix de Saint André qui doit terminer le supplice, il ne témoigne aucune émotion… Les bourreaux sont stupéfaits et le vieux prêtre de 82 ans lui dit : Courage, mon fils, ce ne sera qu’un instant, courage… Moi bientôt j’irai vous rejoindre au ciel : que ces mots sont sublimes, le ciel en est le prix. Une dernière fois il lui présente le Christ, sa suprême consolation, Guy Éder l’embrasse avec ardeur et amour.

Les bourreaux le déshabillent en le portant :