Aller au contenu

Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
jugement de la fontenelle

On parla du vaisseau anglais capturé dans l’Iroise, des marins que l’on avait jetés à la mer et qui criaient grâce. Mais en vain d’autres faits de cruauté furent encore énumérés… N’avait-il pas fait mourir un prisonnier de faim ? Un autre, par un supplice horrible, ne l’avait-il pas gavé, selon l’expression de ce jour, en lui faisant absorber des aliments, en quantité telle qu’il dût en crever sic… Il ne disait plus rien, c’est ma destinée avait-il dit… Tous ces faits furent dénoncés, prouvés.

Et il allait mourir, lui que le roi Henri IV avait gracié. Guy Éder resta impassible quand le premier Président vint lui lire son arrêt à la suite d’une courte interruption.

L’arrêt portait : Que le Baron de La Fontenelle serait appliqué à la question ordinaire, puis à la question extraordinaire… Son corps serait trainé sur une claie dans les rues de Paris, puis roué en place de Grève, pour être ensuite exposé… Il faut remarquer que l’arrêt portait le nom seul de La Fontenelle… en considération de son illustre famille… Le roi permit que le nom de Beaumanoir ne fut pas même cité.

Oui, ce fut un grand coupable, un bandit ne méritant aucune pitié.

Mais rappelons-nous ceci : Guy Éder fut nourri dans les sentiments de la noblesse bretonne, il ne se fit ligueur que par haine de la Réforme… Rappelons-nous que c’est avec regret qu’il vit la fusion de son pays à la France, qu’il en conserva toute sa vie une espèce de rage.

Ses succès le grisèrent. Il devint ambitieux, et l’homme colère, vindicatif, foula aux pieds lois divines et humaines. Fanatisé par le destin, il attendit la mort dans son cachot.

À la question ordinaire, on lui fit subir le