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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/37

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aux états de vannes

de vive Mercœur, il s’est emparé de la ville, l’a frappée des contributions onéreuses, a pillé l’église… Un des soldats digne de marcher sous les ordres d’un tel chef, a enfoncé le Tabernacle, s’est emparé du Saint-Ciboire. Les hosties consacrées ont roulé à terre, un prêtre indigné, bien que repoussé à coups de hallebardes, s’est trainé jusques aux hosties éparses. Dans sa ferveur il a communié cinq fois pour s’opposer au sacrilège… Le soldat furieux l’a frappé de sa pique, et l’a tué… À ces paroles dites avec entrainement calculé, oratoire, pathétique, la salle se lève, les membres crient, vengeance, vengeance… Et le Duc au comble de l’agitation.

Et c’est encore le baron de La Fontenelle le chef coupable est-ce lui le chef de ce soldat… Lui, Monseigneur, vous ne vous trompez pas, c’est cet homme qui partout répand la terreur, sous votre nom qu’il emprunte pour commettre tant de crimes révoltants… Un frémissement parcourt l’assemblée, et le Duc ne se possède plus, il frappe le plancher de l’estrade du fourreau de son épée de combat, et ses yeux étincèlent, car sa colère est au paroxysme. La Fontenelle, lui toujours, lui, encore ce brigand plein d’audace et de cruauté… mais c’est donc un vieillard endurci dans le crime, c’est donc un monstre hideux que le bourreau seul saurait regarder et punir, et d’où vient-il donc ce baron maudit ? Qu’on le trouve qu’on l’amène mort ou vif… Et sa colère n’était pas jouée, son émotion le trahissait dans tous les traits… Qu’on le trouve, qu’on l’amène mort ou vif…

Un gentilhomme dont la visière était baissée se lève, avec calme il s’avance au milieu de la salle… tirant son épée du fourreau il la dépose aux pieds du Duc, ensuite lentement levant la visière