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Page:Boulain - La Fontenelle, Vie du partisan ligueur, 1895.djvu/38

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la fontenelle

du casque, la tête haute il dit, froidement : Me voici, je suis Guy Eder, baron de La Fontenelle.

Nul ne saurait peindre l’expression qui se produisit dans la salle… Les assistants ont les yeux tournés vers cette belle tête ombragée de longs cheveux blonds… Sur son visage la grâce, le charme séduisant de la jeunesse malgré toute l’âpreté d’une pensée guerrière et aventureuse… Le Duc reste interdit et stupéfait. J’ai demandé dit-il, qu’on m’amène le baron de La Fontenelle… Haussant la tête froidement, insolemment c’est moi, dit le fier jeune homme.

Eh quoi, le dévastateur de Paimpol, de Landerneau, du pays de Tréguier, le meurtrier de Châteauneuf serait vous ? Et les traits du Duc expriment un étonnement indicible.

Oui, c’est moi, répond l’inconcevable adolescent.

Toi, toi, toujours toi, mais c’est impossible.

Quel est ton âge ?

Dix-sept ans.

Les membres des états assis intimidés, considèrent presqu’avec autant d’angoisses que de curiosité, l’élégante et noble figure du jeune homme, chef déjà célèbre, redouté partout.

Quant au Duc, il paraissait vouloir échapper à l’obsession d’un rêve. Après être resté examiner l’étrange coupable qui s’offrait à lui, il reprit avec une dignité sévère, mais sans colère

Par quelle insolence inouïe, fléau de la province que tous ici accusent, viens-tu jusque dans cette assemblée braver ma justice ? Guy Eder ferme et respectueux : je viens me justifier. On m’accuse, Seigneur Gouverneur, de crimes monstrueux, eh bien moi, je les dénie, et j’accuse mes dénonciateurs, et les rôles vont changer… On l’interrompt, et sa dernière phrase il la répète en l’accentuant…