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Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/34

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de l’île de sein

de la pêche ; de légers canots où godillent les jeunes filles de Paimpol, visitent les bateaux-viviers, qui renferment langoustes et homards. Il y a aussi d’énormes crabes, des araignées de mer qui ne vivent pas toujours en bonne intelligence.

Sous vos yeux ébahis passent des turbots monstrueux. Ils font songer à celui pour lequel Tibère fit rassembler le sénat romain qui devait délibérer et indiquer à quelle sauce on devait manger ce phénomène. Pauvres sénateurs, vénérés pères conscrits, on vous mettait à cette époque à toutes les sauces.

Ah ! mais, me direz-vous, ils doivent donc faire bombance de poissons exquis et choisis ? Vous vous trompez ; souvent un turbot que l’on n’a pu expédier à temps, n’est pas considéré comme un régal, il sert à amorcer les casiers. Certes, ce n’est pas là le régal des iliens, c’est ainsi qu’ils se nomment et que nous les nommons. Des pommes de terre en robe de chambre sur lesquelles est étendu, pendant la cuisson, un lit de poisson sec. Aussi, voyez-vous pendant tous les jours d’été chaque ménagère et même le marin qui n’est pas à la mer, préparer cette précieuse conserve, chaque endroit un peu élevé en est couvert ; on les retourne souvent.

Ils sont ichtyophages, c’est vrai, mais le plat préféré, le mets par excellence est la vieille. Ce poisson aux reflets blancs, bleus, roses, est un saxile, c’est-à-