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Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/71

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monographie

leurs vieux prêtres (ar veret benniguet), c’eût été une consolation de répandre sur le tertre de leur éternel repos l’eau bénite de leur église.

Au milieu de ces alternatives de tempêtes, de gros temps, dans cette solitude presque continuelle, cette population aime-t-elle au moins son Île ?

La réponse est facile à faire. Ils s’arrachent difficilement à leurs rochers, quand ils sont au Continent depuis un jour ou deux, ils semblent s’ennuyer. Ils ont hâte de retourner, paraissent inquiets si le temps vient à changer et menace de les retenir pour une autre marée, les femmes surtout, bien qu’elles redoutent le mal de mer qui doit les reprendre.

À l’Île, elles sont toutes très gaies, vaquant aux soins du ménage, lavant le linge à la lame qui déferle à quelques pas de leur logis, le faisant sécher sur les galets du rivage, exposé au soleil et au vent ; un galet retient chaque coin du drap.

Beaucoup vont à la grève, le panier sur la tête, elles apportent le goëmon que l’on fera sécher sur la colline et qui servira de combustible, car le bois est cher et n’est que pour les riches. Rarement elles visi-