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Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/72

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de l’île de sein

tent et cultivent leurs petits champs ; bien que cette besogne leur soit échue, elle leur répugne. Quant aux marins, pas plus là qu’ailleurs, ils ne s’occuperont de culture et de jardinage, il leur faut la mer, et quand les flots bouillonnent, quand la tempête les retient à terre sur leurs rochers, ils regardent le large comme s’ils cherchaient quelque chose sur l’infini des flots.

Ils sont peu causeurs, toutefois ils se communiquent leurs réflexions sur les chances prochaines ou éloignées des sautes de vent ; et ils ne se trompent pas. Un vieux marin de l’Île vous prédira le temps plus sûrement que tous les Mathieu Laensberg ou de la Drôme.

Ces tempêtes qui les éloignent pour quelques jours de la mer, ne sont pas sans profit pour eux. Ne rejettent-elles pas sur leurs grèves, ces amas de goëmons, rubans violets ou roses, qu’avec l’aide de leurs femmes et filles ils retirent sur le rivage au moyen de crocs en fer de grande dimension. Pour ce métier si dur, il faut être à mi-corps dans l’eau, éviter la vague qui, si des précautions n’étaient prises, enlèverait au large le malheureux imprudent.

Les journaux relataient dernièrement le cas d’un brave homme surpris par une lame de fond. Jamais l’on ne retrouvera son cadavre dans ces courants violents avoisinant des îles telles que l’Île de Sein et l’Île d’Ouessant.