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Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/74

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de l’île de sein

çons, de date récente, est dirigée par un instituteur laïque.

Lorsque les jeunes filles ont été envoyées au Continent, soit pour leur éducation, soit pour apprendre le service, elles ont une frayeur de revenir aux travaux et à la solitude de l’Île. Il en est de même des jeunes Îliens élevés au Continent, dont deux ou trois sont Frères des Écoles chrétiennes, et plusieurs prêtres. Ici-bas, somme toute, chacun a sa route tracée.

Tout le reste de la population appartient à la Marine. Quand ils ont donné quelque temps à l’État, ils retournent à leurs bateaux de pêche : ils forment d’excellents pilotes, recherchés pour ces parages.

Point de militaires à l’Île, ils restent tous marins pêcheurs, et combien n’ont-ils pas à affronter de dangers, ils le savent bien car ils y ont passé leur première enfance, mais il faut vivre ; de là le mépris qu’ils ont de la mort. Si vous leur parlez de la mer qui vous paraît démontée, si vous croyez qu’un danger existe, abstenez-vous d’insister. « La mer mauvaise ? mais elle est comme de l’huile » ; et s’il y a du vent ; « Nous n’aurons pas à tirer sur la rame ».

Si vous les questionnez sur les périls qu’ils ont à courir, ils haussent les épaules. « Nous n’avons qu’une vie à perdre, me disait l’un, croyez-vous que le pain nous viendra amené par les flots. J’ai vu mon père se noyer à quelques mètres de mon