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Page:Boulain - Raz de Sein, 1893.djvu/75

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monographie

bateau, nous ne pouvions lui porter secours, je l’ai vu au sommet de la lame, faisant tous ses efforts pour nous rejoindre, une seconde lame près du bateau le recouvrit, et puis rien, il passa sous le bateau et nous fûmes forcés de partir sans pouvoir ramener son cadavre. J’ai vu, ajoutait-il, mon frère subir presque le même sort. J’ai bien eu un cousin noyé et cependant il était à l’État, » et puis, d’un air résigné, « nous prions pour eux, car nous ne mourons pas comme des chiens, et Dieu est là pour nous attendre à notre tour. »

Je n’ai encore rien dit du costume de l’Île. Les hommes portent le costume du marin de la côte ; béret bleu marine, vareuse en molleton noir ; l’hiver, ils rentrent de la pêche couverts de vêtements enduits d’huile cuite, coiffés d’un chapeau en toile cirée pour couronner le tout, d’énormes bottes à tiges de cuir, que terminent de solides sabots. Le dimanche, que l’on observe religieusement, ils sont très propres et revêtent l’habit de fête.

Parmi les femmes, si vous apercevez une coiffe blanche, elle n’est pas de l’Île. La vraie femme de l’Île coiffe une chupellienn, cape noire en drap et à deux battants retombant sur les épaules, comme on le voit dans le tableau de E. Renouf. Quand elles relèvent les deux battants des épaules et qu’elles les maintiennent sur le sommet de la tête, par une