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Page:Bourdaret - En Corée.djvu/103

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obtenir une bonne route, dépose son offrande. Cela consiste simplement à ajouter une petite pierre aux autres, ou à cracher sur le tas. Cette dernière coutume se rattache surtout à la peur qu’inspire aux Coréens l’esprit errant des serpents. Ils croient, en effet, que l’esprit d’un serpent mort erre sur le chemin à la recherche d’un corps à habiter, c’est pourquoi ils espèrent l’occuper avec cette sorte d’offrande, pendant qu’ils s’éloignent rapidement. Nous avons remarqué très souvent cette bizarre coutume, et surtout l’horreur du serpent, qu’un Coréen de sang-froid ne voudra jamais toucher ni tuer.

Si une moutang découvre, en prédisant l’avenir d’un homme, qu’il doit mourir bientôt, elle lui conseille de présenter une offrande aux Son-hang-dang, de suspendre à l’arbre le col de son habit, par exemple. Le démon s’attache alors à ce vêtement croyant avoir affaire à l’homme lui-même.

À la passe de Tong-Sol, près de Piun-yang, col très dangereux en hiver à cause de la pente énorme de la route, se trouve un autel célèbre de ce genre, auquel tous les voyageurs adressent leur prière pour une heureuse descente. Une sorcière habite dans une cabane à côté, et c’est elle qui est chargée d’offrir les gâteaux de riz et les prières. Elle a fort à faire, car les demandes sont nombreuses. Elle inscrit, sur des bandes de papier accrochées dans la cabane qui renferme l’image de l’esprit, les noms des donateurs. Les passants déposent leur carte de visite avec leur prière. D’ailleurs, comme on le verra plus loin, j’ai eu l’occasion de visiter cet autel.

Au Sane-Sine (esprit de la montagne) les Coréens ont attribué de tous temps une puissance extraor-