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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/137

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Miſtreſs Turf, & avoir été élevée à la maiſon. Je la pris en particulier ; je connoiſſois ſon honnêteté, je n’eus garde de lui offrir de l’argent, mais je fis valoir ſon attachement pour ſa jeune Maîtreſſe. Elle débuta par me dire qu’elle ignoroit les raiſons de ſon chagrin. — Vous convenez donc qu’elle a du chagrin : On ne peut, Aurora, abuſer de la tendreſſe d’une Mère. Les queſtions que je vous fais ne peuvent être accuſées de curioſité. Je vois avec douleur que mon Enfant a des peines que je ne partage pas, & ſi je déſire en connoître l’eſpèce, c’eſt pour mettre en uſage des moyens qui puiſſent les diſſiper. — Eh bien ! Mylady, vous allez tout ſavoir : mais jurez-moi le plus grand ſecret : Ma chère Maîtreſſe ne me pardonneroit jamais mon indiſcrétion. Je lui promis ce qu’elle déſiroit. — Vous ſaurez donc, Mylady, que mon Maître eſt un monſtre. Il a pour ſa vertueuſe Épouſe des procédés affreux. Non content de la maltraiter en paroles & de ſe ſervir des mots les plus groſſiers, ſans égard pour ſon état, il oſe preſque tous les jours la frapper avec inhumanité. Tous ſes membres ſont meur-