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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/138

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tris. Jamais la jeune Lady n’a proféré un murmure, & comme il eſt impoſſible qu’elle me cache la conduite atroce de mon Maître, elle me dit avec ſa douceur accoutumée : — J’ai mérité ces mauvais traitemens : une Fille qui a pu quitter la maiſon paternelle, ne mérite que des rigueurs, & c’eſt mon Époux qui s’eſt chargé de me punir. Il a ſurtout exigé de moi que je n’ouvrirai de ma vie la bouche de toutes les choſes dont je ſuis le témoin. — Mais, dis-je à Aurora, pour quelle raiſon ce miſérable Roſe-Tree ſe porte-t-il à de pareilles extrêmités ? — Des raiſons, Mylady, il n’en donne jamais aucunes. Je crois cependant que ſa mauvaiſe humeur augmente quand ma Maîtreſſe n’a pas d’argent à lui donner. Tous les jours il fouille dans ſes poches, & lorſqu’il n’y trouve pas ce qu’il déſire, il jure, il tempête & maltraite Mylady. — Ô Ciel ! m’écriai-je, eſt-il un homme plus déteſtable ? — Vous ne ſavez pas encore combien il eſt ſcélérat ; Anger, ſon Valet-de-chambre (je dois ſes confidences à l’envie qu’il a de m’épouſer), me diſoit ces jours paſſés, qu’il ne connoiſſoit pas un Être plus vil que ſon