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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/144

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d’à côté. Le Chirurgien s’abſenta pour quelques inſtans. Je voulus alors ſavoir d’Aurora le ſujet de cette ſcène affreuſe.

„ Hélas ! Mylady, je n’en ai rien perdu. Le Chevalier n’étoit pas rentré de la nuit : ma chère Maîtreſſe n’avoit pas voulu ſe coucher, & je lui avois tenu compagnie. Vers les ſix heures du matin, elle s’étoit endormie avec ſa Fille dans ſes bras. Je la conſidérois dans cette touchante attitude, quand ſon Époux entra. Il avoit l’air ſombre. — Sortez, me dit-il durement : J’obéis, mais je reſtai à la porte, pour exécuter vos ordres, Mylady, en veillant à la fûreté de ma Maîtreſſe. L’abord du Chevalier m’avoit paru ſiniſtre. Il la réveilla par de groſſières apoſtrophes. — Ah ! vous voilà, dit-elle avec douceur, mon cher Roſe-Tree, je vous ai attendu toute la nuit. — Il ne répondit que par des coups. Je me hâtai d’entrer pour l’engager à ceſſer ; il étoit tellement en fureur qu’il me prit avec violence & m’enferma dans le cabinet de ma Maîtreſſe. La porte en eſt vitrée, comme vous ſavez, & quand je faiſois mes efforts pour l’enfoncer, je vis le Forcené prendre ſa Fille & la jeter avec