Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/180

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tous les deux ! j’ai les moyens de me venger. Je ſuis bien ſûre que Maman approuvera mes deſſeins ; puiſque nos projets ont échoué, nous n’avons rien à ménager. Je regrette moins la perſonne du Lord, que ſes titres & ſa fortune ; c’eſt de ces derniers dont j’étois extrêmement épriſe. Ce ſont eux qui nous ont engagées à faire divorce pour quelque temps avec notre vie accoutumée : ce ſont eux qui nous ont décidées à nous ſéparer : Nous voilà retombées dans notre premier état : cela eſt aſſez fâcheux, après s’être bercé la tête de tant d’idées de grandeur. Le pis, c’eſt qu’il nous en coûte beaucoup d’argent en pure perte. Mais la vengeance que je médite me dédommagera.

Voici les détails de ma diſgrace. Stanhope m’aimoit beaucoup, & je l’avois amené au point de déſirer notre union comme moi-même : il me viſitoit ſouvent ; il vit une de nos Penſionnaires, Fille aſſez jolie, & en devint amoureux. Je m’en apperçus dans l’inſtant, & lui en fis des reproches. Il nia, & me répéta la demande d’aller chez lui pour convenir des choſes néceſſaires à notre mariage. Après avoir long-temps éludé, je crus augmenter ſon attachement en cédant à ſes