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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/181

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prières. Je m’échappai adroitement un ſoir de la Penſion. Je le trouvai ſi tendre, ſi preſſant ; il me jura avec un air de ſi bonne foi, qu’il n’attendoit pour m’épouſer que le retour d’un de ſes gens qui étoit allé à Londres chercher tout ce qu’il nous falloit, que je conſentis à ſatisfaire ſes déſirs. Il me ramena lui-même, & par le moyen de la Fille que j’avois gagnée, mon abſence ne fut point apperçue. Je le revis le lendemain : ma Compagne étoit encore avec moi. Tous les regards de mon Amant furent pour elle, je n’obtins pas la plus légère attention. J’en eus du dépit, & je le lui témoignai ; je fis plus : je lui écrivis une Lettre pleine de reproches. Il eut l’audace de me répondre qu’il ne m’aimoit plus, qu’il étoit trop ſincère pour m’en impoſer plus long-temps (Le ſcélérat ! choiſir pour un pareil aveu, le lendemain de…). Qu’il n’avoit pu voir la charmante Émilie (c’eſt le nom de la Penſionnaire) ſans en perdre la tête : qu’il me rendoit ma parole, qu’il reprenoit la ſienne, & qu’il me prioit d’excuſer un changement qui n’avoit pas dépendu de lui. Concevez-vous l’inſolence d’un pareil verbiage. Je ripoſtai par une Lettre. Il n’y fit point de réponſe ; mais il chargea le