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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/204

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procédé de ma Mère ne m’étonnoit pas : elle m’avoit aſſez accoutumée à ſa haine. Cependant dans quel état m’obligeoit-elle à paroître. Il eſt pourtant bien heureux que je ſois tombée auſſi bien : car Mylady Clemency eſt adorée de ſes Gens, & ſa perſonne prévient du premier coup d’œil. C’eſt, ma chère Anna, une Femme de trente-huit ans au plus, ſa figure eſt douce & infiniment jolie, ſon organe eſt flatteur ; & elle n’ouvre la bouche que pour dire des choſes agréables. Dès que j’entendis le carroſſe de ma Mère partir, je deſcendis. Miſtreſs Matheling me dit que mon ſervice ne conſiſtoit qu’à bâtir les garnitures de Mylady, à l’aider à s’habiller & ſe déshabiller, & à faire la lecture.

Je n’eus pas de peine à remplir mon devoir avec cette Femme charmante, ſes Domeſtiques pourroient ſe croire ſes Amis, tant elle les traite doucement ; cependant mes nouvelles occupations me paroiſſoient étranges. Dès le même ſoir j’aſſiſtai à la toilette de nuit de ma Maîtreſſe (que ce mot me coûte à prononcer). — Je vous ſonnerai demain, Maria, dès que je ſerai éveillée, dites que mon thé ſoit prêt pour neuf heures.