Aller au contenu

Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XLIme LETTRE.

Anna Rose-Tree,
à Émilie Ridge ;
à Paris.

Mes pleurs ne tariſſent point, ô mon Amie ! Quel eſt votre ſort, infortunée Émilie ! Quelle marâtre le Ciel vous a donnée ! Sacrifier ainſi la plus belle & la plus aimable des Filles ! Votre fermeté me ſurprend ; je vous admire. Conſervez bien ce courage héroïque, vous en avez beſoin. Je ne vous blâme pas de reſpecter les ordres du tyran qui vous opprime, cependant il ſeroit bien permis de murmurer de ſa dureté. Vous, ſervir ! vous, faite pour commander à l’univers ! Non, je ne puis m’accoutumer à cette cruelle idée. Que Lady Clemency eſt heureuſe ! elle poſſède un tréſor. Combien je la révère, cette Femme admirable : elle ne s’eſt point trompée dans l’opinion qu’elle devoit concevoir de mon Amie. En effet, qui pourroit vous voir, & ne pas vous chérir ? Heureux ! mille fois heureux, celui qui vous aura pour récompenſe ! Votre état, ma chè-