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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/222

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mes ſens. La charmante Peggi, eſpèce de Servante d’un Fermier de ***, eſt faite pour poſſéder une couronne, & pourtant elle vit dans l’état le plus bas ; le croiras-tu, mon Ami, elle s’y plaît, & ne veut point en changer. J’ai cent fois mis ma fortune à ſes pieds ; un refus a toujours été ſa réponſe. Cependant je ne lui ſuis point indifférent, elle me l’a dit ; bien différente en cela de nos coquettes. Elle me voit avec plaiſir, & n’accepte rien de ce que mon amour lui offre. Quel étrange caractère ! pluſieurs fois j’ai oſé dérober des faveurs, on m’a grondé ; mais on n’en conſerve nulle rancune. Un jour je la ſurpris trayant les vaches : nous étions ſeuls : je l’enlève dans mes bras & la poſe ſur une botte de paille. Elle me repouſſe d’une main vigoureuſe, ſa force ſurpaſſe la mienne ; en un moment elle eſt libre, me jette ſur la paille qu’elle venoit de quitter, & regagne, en chantant, la vache que je lui avois fait abandonner. — Ne vous y jouez plus, Mylord, me dit-elle doucement, je n’aime pas qu’on en uſe ainſi avec moi ; & elle continua ſa chanſon. Ses Maîtres l’aiment beaucoup, & ce n’eſt qu’à regret qu’ils lui voyent faire des ouvrages auſſi pénibles. Mais