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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/282

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biens que j’avois perdus, elle voulut me donner une bonne éducation ; & pour la rendre meilleure, elle y veilla elle-même avec ſoin. Je fis mon poſſible pour répondre à ſes bonnes intentions, le plaiſir de la ſatisfaire me payoit aſſez des efforts que je faiſois, pour que ſes peines ne fuſſent pas inutiles. Je devins grande, & mon attachement pour cette tendre Mère augmentoit avec ma raiſon. Notre fortune, quoique très-bornée, nous ſuffiſoit, parce que nos déſirs l’étoient encore plus ; enfin nous étions heureux. Le haſard me fit rencontrer un Jeune-homme d’une figure charmante, & d’un eſprit ſupérieur ; un ſeul moment ſuffit pour faire diſparoître mon indifférence, une même ſympathie agit ſur lui ; il ne lui fut pas difficile d’avoir accès dans notre maiſon. Ma Mère l’avoit trouvé extrêmement aimable, & lui accorda ſans peine la permiſſion de nous voir. Murwell (c’eſt le nom du Jeune-homme) devint très-aſſidu ; il avoit, ainſi que nous, de la naiſſance ; ainſi que nous, il avoit peu de fortune ; il n’oſoit me propoſer ſa main. Cependant notre mutuelle tendreſſe ceſſa d’être un myſtère, chacune de nos