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Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/283

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actions mettoit à découvert le ſecret de nos cœurs. Ma Mère s’en apperçut ; à ſa première queſtion, j’avouai ma défaite ; ſa réponſe ne me fit pas craindre d’obſtacle de ſon côté ; cependant je vis ſa gaieté naturelle diſparoître, & faire place à un air ſombre & affligé ; j’en reſſentis une peine incroyable. Ce qui redoubloit mon chagrin, c’eſt que je ne pouvois deviner le ſujet du ſien. Murwell fit un petit héritage, ſon premier ſoin fut de me demander en mariage ; ma Mère lui demanda ſix mois avant de rien conclure. Sa propoſition nous étonna ; mais nous n’héſitâmes pas à nous conformer à ſa volonté ; ce temps me parut auſſi long qu’à Murwell. Le caractère de ma Mère étoit totalement changé, elle ne ſortoit plus, toute eſpèce de ſociété lui étoit devenue à charge, même juſqu’à la nôtre. Je craignis que ſa ſanté ne ſouffrit de cette étonnante triſteſſe ; j’eſſayois toute ſorte de moyens pour la diſtraire, je ne réuſſis qu’à l’impatienter. Malgré ſa douceur, elle me témoigna de l’humeur de ce que je m’oppoſois aux déſirs qu’elle avoit d’être ſeule. Son état, que je ne pouvois concevoir, me